« Devrais-je investir dans un REER ou un CELI? »
C’est une des questions les plus fréquentes lorsqu’on planifie sa retraite. Il n’existe pas de réponse unique, mais comprendre le fonctionnement de chacun est un excellent point de départ.
Le REER (Régime enregistré d’épargne-retraite) permet de réduire votre revenu imposable aujourd’hui, mais les retraits sont entièrement imposables. Le CELI (Compte d’épargne libre d’impôt), lui, ne donne pas de déduction à la cotisation, mais les retraits sont complètement libres d’impôt.
On trouve de nombreux articles et calculateurs en ligne sur le sujet REER vs CELI. Voici une règle générale qui résume bien les choses :
– Si votre taux d’imposition sera plus bas à la retraite, le REER est souvent plus avantageux.
– Si votre taux d’imposition sera semblable, les deux comptes se valent à peu près.
– Si votre taux d’imposition sera plus élevé, le CELI pourrait être un meilleur choix.
Ce qu’on oublie souvent : d’autres facteurs à considérer
L’incertitude des taux d’imposition futurs
Les taux d’imposition ont tendance à diminuer à la retraite, mais personne ne peut prédire à quoi ressemblera le régime fiscal dans 10, 20 ou 30 ans. Un futur gouvernement pourrait hausser ou baisser les taux de manière significative. Il faut donc planifier en fonction des règles actuelles.
Mais il ne s’agit pas seulement d’impôt sur le revenu. Il faut aussi penser aux prestations gouvernementales soumises au revenu, comme la Sécurité de la vieillesse (SV), le Supplément de revenu garanti (SRG) et certains crédits d’impôt pour aînés. Ces « récupérations » peuvent agir comme des taxes cachées.
Par exemple, en 2025 :
– La SV commence à être récupérée lorsque le revenu individuel dépasse 93 454 $ par année.
– Le SRG diminue pour un couple recevant la SV complète dès que le revenu combiné dépasse 29 136 $.
Conclusion : peu importe votre niveau de revenu, il est important de considérer l’effet des retraits d’un REER (ou FERR) sur vos prestations. Les retraits du CELI, eux, n’ont aucun impact sur ces calculs.
Planification du revenu familial et risque lié au décès d’un conjoint
Après 65 ans, les couples peuvent fractionner le revenu provenant de leurs comptes enregistrés, ce qui réduit souvent les impôts. Mais que se passe-t-il au décès d’un conjoint?
Si la personne survivante hérite des actifs enregistrés et conserve un revenu similaire, elle ne pourra plus fractionner ce revenu. Son revenu imposable augmentera, ce qui peut faire dépasser des seuils importants comme celui de la récupération de la SV.
Une stratégie possible : retirer plus tôt des actifs enregistrés pour alléger le fardeau fiscal futur du conjoint survivant.
Héritages imprévus et impacts fiscaux
Il faut également tenir compte d’un éventuel héritage, prévu ou inattendu. Par exemple, vous savez peut-être que vos parents prévoient de vous transmettre un héritage significatif, mais vous ne voulez pas compter sur eux pour planifier votre retraite. Toutefois, au moment de l’héritage, votre revenu pourrait passer à un niveau plus élevé, vous faisant grimper dans une nouvelle tranche d’imposition.
La flexibilité, c’est important
La vie nous réserve des surprises, même à la retraite. Qu’il s’agisse de réparations importantes à la maison, de dépenses de santé ou de voyages de rêve, des retraits importants peuvent être nécessaires. Si cet argent est retiré d’un REER ou d’un FERR, il sera entièrement imposable à votre taux marginal d’imposition et augmentera votre revenu, ce qui pourrait avoir une incidence sur les prestations et les crédits d’impôt fondés sur le revenu. Par contre, si cet argent est retiré d’un CELI, il n’y aura aucune conséquence fiscale.
Alors, REER ou CELI?
Commencez par la règle de base : en supposant que les économies d’impôt réalisées grâce aux cotisations REER soient investies, les REER sont utiles si votre taux d’imposition actuel est supérieur à celui que vous prévoyez à la retraite. Mais il est judicieux d’épargner également dans un CELI afin de bénéficier d’une plus grande souplesse, que ce soit pour la planification fiscale, la préservation des avantages ou pour faire face à des dépenses importantes sans déclencher de facture fiscale.
Lorsque les chiffres suggèrent que les deux comptes donneraient un résultat similaire, le CELI est souvent le meilleur choix – à condition que vous ayez la discipline de ne pas y puiser avant la retraite. Les retraits en franchise d’impôt et l’absence d’incidence sur les prestations fondées sur le revenu en font un outil de retraite puissant et souple.